Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas

Afficher l'image d'origine Résumé : Un jeune homme emprisonné injustement pendant quatorze ans revient se venge après son évasion de ceux qui l'ont privé de son bonheur.

Mon avis : L'intrigue peut se résumer à une phrase : un aristocrate joue le rôle d'un vengeur dans l'ombre de ses ennemis. Pourtant cette intrigue que je trouve un peu réductrice (à mon sens, la vengeance n'occupe qu'une toute petite partie de ce diptyque) est emprunte de théâtralité : des rebondissements, des entrées et sorties de personnages retentissantes, de bons mots romanesques, un style caractéristique de Dumas. Inspiré de faits réels, l'intrigue est aussi le moyen pour l'auteur d'exprimer un thème récurrent dans ses romans : celui de la prison. Le topos moderne du prisonnier politique condamné injustement (qui occupe presque intégralement le premier tome), l'indignation qu'elle suscite rappelle celle d'Alexandre pour son père, le Général Dumas, héros de la Révolution, abandonné dans les prisons du Royaume de Naples.
Le mal est l'instrument de la vengeance de ce héros moderne qui pense à la loi du Talion par ses proches choix, alors même que ce pouvoir pourrait mener autant au bien qu'au mal. Le thème de la vengeance n'est possible que grâce à l'identité secrète du Comte de Monte-Cristo. Le dévoilement de sa véritable identité en fin de récit prendra alors une allure dramatique. La force du héros vient de sa connaissance, il connait l'identité de ses bourreaux et de ce fait, a un certain pouvoir sur eux. Quant à l'auteur, reflet de son protagoniste, en cachant ses secrets et en construisant une intrigue toujours surprenante, il détient aussi un pouvoir sr le lecteur, jusqu'aux scènes de révélations. L'esprit vengeur n'est pas perdu puisqu'en dernière partie du roman, son évolution lui permet de redécouvrir l'amour alors même qu'il ne s'y attendait plus. Il décide alors d'épargner Danglars. Cette dimension toute religieuse est omniprésente. Il devient triste et compatissant envers ses ennemis. L'aspect religieux du roman, incarné par le protagoniste qui passe de la vengeance de l'Ancien Testament au pardon du Nouveau. Le héros cesse alors d'être un surhomme (ou super-héros de nos jours) pour incarne une figure Christique qui s'efface une fois sa mission accomplie. Le héros avoue  qu'il a été dépassé par les événements par l'enchaînement qu'il a lui-même provoqué.
L'injustice dénoncée par l'image de la corruption des puissants à travers le personnage de Morcerf dépeint ainsi une violence morale, psychologique moderne. Ici est donc dénoncé le règne de l'argent qui nuit et corrompt tout.
Enfin, Dumas s'inspire de l'exotisme très à la mode à cette époque, qui rêve de conquêtes impérialistes, d'Algérie et d'Orient. Les Mille et une Nuits, souvent évoqué, apporte une part d'onirisme au roman non négligeable. Le thème du rêve sous l'emprise de la  drogue, avec la prise de haschich ou d'opium s'inspire de la réalité. Par exemple, lorsque Morrel est endormi dans la grotte de Monte Cristo et voir sa fiancée ressuscitée. Durmas emprunte le merveilleux dans le quotidien aux Mille et une Nuits, les personnages fabuleux, les événements si imprévus qu'ils en sont mystérieux, voire magiques. Mais aussi l'Orient des philtres et des poisons. La progression du récit, entre tensions et pauses romanesques, est toute dévolue aux coups de théâtre. L'épisode central du roman d'aventure et qui donne au roman sa dimension mythique est celui de la mort et de la résurrection. Dantès enseveli dans le linceul de l'abbé Fario ressuscite dans les flots et devient un autre homme : le Comte de Monte-Cristo. Valentine de Villefort, empoisonnée, est ensevelie puis ranimée par le Comte. Son cœur ne bat plus mais elle n'est pas morte. Ce passage est bien évidemment inspiré de Romeo et Juliette dont le philtre magique n'existe qu'au théâtre qui donne l'aspect de la mort mais qui n'en est pas que l'on retrouve uniquement chez l'apothicaire de Shakespeare. On passe la souffrance d'un personnage pour une renaissance flamboyante. La résurrection apporte une dimension mélodramatique aux amants maudits. Quant à l'homme, il ressuscite d'un passé que tous ont voulu oublier jusqu'à arriver au point culminant du roman, l'ancienne personne s'efface pour laisser place au renouvellement de soi, qui lui permet de dépasser son désespoir jusqu'à une nouvelle espérance, celle d'une nouvelle vie.
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Pour aller plus loin : L'aventure de Dumas et sa prise de position vis à vis de la politique se retrouvent dans l'incarnation de ses célèbres personnages, l'Homme au Masque de Fer, Louis XVI ou Marie-Antoinette. L'Histoire se mêle à la petite histoire de ses personnages, toujours de manière épique et exaltante pour le lecteur.

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