Le nouveau nom, Elena Ferrante
On retrouve les deux jeunes femmes à leur adolescence, dans les années soixante. Pour Lila Cerullo, née pauvre et devenue riche en épousant l’épicier,
c’est le début d’une période trouble : elle méprise son époux, refuse
qu’il la touche, mais est obligée de céder. Elle travaille désormais
dans la nouvelle boutique de sa belle-famille, tandis que Stefano
inaugure un magasin de chaussures de la marque Cerullo en partenariat
avec les Solara. Pour Elena Greco, il est encore question des amours de jeunesse, éperdument amoureuse de Nino Sarratore, qu’elle connaît depuis l’enfance et qui fréquente à présent l’université. Mais les choses ne vont pas exactement se passer comme elle l'aurait voulu...
Quatrième de couverture : Le soir de son mariage, Lila comprend que son mari Stefano l’a trahie en
s’associant aux frères Solara, les camorristes qui règnent sur le
quartier et qu’elle déteste depuis son plus jeune âge. De son côté, son amie Elena, la narratrice, poursuit ses études au lycée. Quand l’été arrive, les deux amies partent pour Ischia, car l’air de la mer doit l’aider à prendre des
forces afin de donner un fils à Stefano.
Mon avis : Vous l'aurez compris, le chemin des deux jeunes femmes s'éloignent, mais ils restent bien parallèles l'un à l'autre, quitte à se recroiser de temps en temps. C'est la vie. C'est exactement ça. En grandissant on perd de vue ses amis les plus proches. Lila semble avoir fait un "beau mariage", le succès de Stefano, l'argent... Tout semble lui réussir. Mais peu à peu, Elena s'aperçoit que tout n'est pas si rose. En effet, une
parenthèse enchantée- des vacances "de luxe" à Ischia, au bord de la
mer- jette soudain la lumière crue du soleil d'été sur cette mascarade. Tout
vole en éclats. Tout se détériore: la vie de l'une, celle de l'autre et
même celle de tous les très jeunes couples qui les entourent... Lila
la belle, l'insolente fait l'épreuve de la passion, de l'abandon, de
l'humiliation, de la chute mais sans jamais se départir de sa morgue
flamboyante. Lenù, la moche, la boutonneuse, la miséreuse, réussit à sortir de
l'ombre, à séduire,à conquérir la reconnaissance sociale mais sans
jamais se départir d'un sentiment d'illégitimité qui mine même ses plus
grandes réussites.
L'amour n'est pas au rendez-vous : les flirts se succèdent plus pas convention et désir de conformité que par passion. La
violence est encore là, bien présente au coeur des mots : violence des
sentiments, les coups (c'est normal pour les femmes d'être
corrigées au gré de l'humeur et de l'alcoolémie de leurs conjoints).
Le
récit est superbement construit, les événements qui font progresser la
narration se succèdent tout en intégrant une fine analyse des sentiments
et émotions de la jeune étudiante, lancée dans un courant dont elle ne
peut apprécier les fluctuances et les dangers. Même
l'écriture du roman semble tirer sa substance de leur lutte fratricide
et de leur amitié indéfectible: quand elles sont trop éloignées l'une de
l'autre, les péripéties romanesques deviennent mécaniques, répétitives
ou sans grand intérêt. Même phénomène pour les personnages: si les
hommes ont plus de relief, d'individualité, bizarrement, les autres
figures féminines -Carmen, Pinuccia, Ada, Marisa, Gigliola... - perdent
leurs contours et paraissent un peu interchangeables face à ces deux
dévoreuses d'identité que sont Lila et Lenù. La fougue d'Elena Ferrante
passe aussi dans son art des ruptures: comme le tome 1 (allez voir ma fiche, ici), qui s'arrêtait
sur l'entrée provocante, au mariage de Lila, des deux frères Solara, les
maffieux du quartier, le tome 2 lui aussi s'achève sur une rencontre
inattendue et éprouvante... de quoi mettre nos nerfs à rude épreuve.
Pour aller plus loin : Et c'est là que je vous dis de filer chercher le tome 3. Malheureusement, tandis que le 4ème opus est sorti en Italie et qu'une série est prévue, le tome 3 n'est pas disponible en poche actuellement. J'ai donc décidé d'attendre un peu avant de poursuivre la saga.
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