Les raisins de la colère, John Steinbeck

Les Raisins de la colère par Steinbeck Résumé : Années 1930, Oklahoma. Tom Joad est libéré de prison suite à un homicide involontaire. Il retourne à la ferme familiale mais une mauvaise surprise l'attend : la ferme a été saisie par une banque et sa famille, totalement ruinée, est sur le départ. Elle s'apprête à partir en Californie, avec l'espoir de trouver un emploi et de vivre dignement.
La famille Joad, partagée entre la peine de devoir quitter "la terre de ses pères" et l'espoir d'une vie meilleure, entame donc un long périple sur la route 66, à travers les grandes plaines de l'ouest, en direction d'une Californie mythifiée. Mais le voyage ne se fait pas sans difficulté. La dislocation de la famille commence.
La famille Joad arrive finalement en Californie et réalise rapidement que, non seulement il n' y a pas assez de travail pour tous les immigrants et qu'elle devra vivre dans des conditions de vie effroyables, mais également que les "Okies" sont craints et haïs par les autochtones qui ne voient en eux que des marginaux et des agitateurs potentiels.
Malgré les difficultés, la famille Joad ne perd pas espoir et, malgré la faim, la pauvreté et l'injustice, mobilise toute son énergie pour essayer de s'en sortir...

Quatrième de couverture : Le soleil se leva derrière eux, et alors... Brusquement, ils découvrirent à leurs pieds l'immense vallée. Al freina violemment et s'arrêta en plein milieu de la route. - Nom de Dieu ! Regardez ! s'écria-t-il. Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d'arbres fruitiers et les fermes. Et Pa dit : - Dieu tout-puissant ! ... J'aurais jamais cru que ça pouvait exister, un pays aussi beau.

Mon avis : Une écriture simple, parfois un peu longuette mais indéniablement dotée de talent (quand on est Prix Nobel de littérature, en général, c'est gage de qualité). On croirait voir un film, le lecteur est propulsée dans cette vie misérable. La vraisemblance du décor, de l'argot, l'humanité des personnages, tout est mis en scène et pourtant tout est réel. Attention, la lecture de ce roman est très dure comme tout récit sur la misère. Il faut pouvoir le supporter ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Le livre est construit sur une alternance des chapitres : un sur l'histoire des Joad et un plus élargi sur ce que vivent l'ensemble des familles délogées et qui comme eux doivent survivre dans un monde hostile qu'ils ne comprennent pas. Une façon comme une autre d'interpeller le lecteur et de le faire réfléchir sur le monde qui l'entoure.
La description d'une réalité économique après la crise 1929 qui a vu le monde agricole se transformer pour devenir une exploitation du monde capitaliste, c'est un peu le début de la fin pour nous. Ce livre dépasse de loin les frontières des États américains, c'est une allégorie de l'immigration en général. Les Africains, Sud-Américains, Asiatiques qui arrivent péniblement au fond d'un container, sur un radeau ou par quelque autre moyen sommaire et dangereux en Europe ou dans n'importe quelle autre terre soi-disant "promise" doivent vivre à peu près la même chose que les Joad des années 30 aux États-unis, une quête de l'Eldorado et de la terre promise pour gagner un peu de dignité et de quoi nourrir sa famille. La description de notre monde moderne passe par le mépris des locaux qui regardent ces miséreux comme des envahisseurs. De l'autre côté, nous voyons tous les gestes d'entraide, les partages de la dernière bouchée, le refus de donner pour ne pas humilier la personne qui est pauvre, le père qui se sacrifie pour son enfant et cet honneur auquel ils tiennent…
Le deuxième aspect, c'est l'évolution de la famille Joad. Avant l'éclatement de la famille traditionnelle, il y avait une structure précise : l'homme était le pilier de la famille et, chacun avait sa place et, même le grand père, avait encore le premier droit de parole même s'il n'était plus actif. Ils avaient aussi tout un ensemble de valeurs que chacun devait respecter. Tout au long de la route, on voit les familles se regrouper et, sans voter quoi que ce soit, établir des règles de fonctionnement pour que tous et chacun soient respectés. La mère a pris une plus grande place mais elle le dit elle-même, ce n'est que temporaire. Même si on est encore dans le malheur, on sait que quelque chose doit et va arriver.


Résultat de recherche d'imagesPour aller plus loin : Beaucoup de vieux films sur l'émigration existent (et je ne parle pas que de l'adaptation cinématographique de John Ford) que ce soit les vieux films sur l'immigration italienne (voire le cinéma italien des années 1960) ou sur la pauvreté aux Etats-Unis. Beaucoup d'expositions photo également en ce moment sur les bidonvilles de l'époque. Je trouve très important de se rappeler ce par quoi nos ancêtres sont passés pour obtenir ce que l'on a aujourd'hui. Cela remet un peu les choses en perceptive. Les sacrifices de la classe moyenne d'aujourd'hui ne sont pas forcément les pires.

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