Narcisse et Goldmund de Herman Hesse

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Résumé : En Allemagne, au Moyen-Age, le jeune Goldmund est amené dans un monastère pour se vouer à Dieu. Cet enfant beau et blond, sociable, naïf, ne tarde pas à s'attirer l'attention et l'affection des moines, y compris et surtout du bientôt moine Narcisse. Tous deux sont très doués, font partie de "l'élite", mais si chez Narcisse, c'est l'intellect qui prime, la science, la théologie et l'enseignement, c'est à la vie elle-même que Goldmund se voue. Ce sont finalement leurs différences qui les lient. Narcisse, dans sa sage jeunesse, dévoile à Goldmund que son destin ne se jouera pas dans le cloitre. Goldmund s'enfuit du monastère. S'ensuivent pour lui des années de vagabondages et d'aventures galantes, errant sans but, s'enivrant du parfum de l'expérience jusqu'à la lie. Puis un jour, le déclic : il "rencontre" une statue en bois dans une église et pour la première fois, il a un but : il sera sculpteur, pour mettre son âme dans la matière et y fixer des morceaux d'éternité.

Quatrième de couverture : Rien ne peut arrêter l'errance de Goldmund, aucune femme, pas même la misère, la peste ou la mort qu'il côtoie en chemin.
Assoiffé de plaisir, avide de beauté féminine, inlassablement, il reprend cette route où chaque rencontre est l'épreuve du plus beau et du plus noir de l'humanité. Dans cet esprit candide et généreux perce une révolte née de l'injustice, de la cruauté des hommes, où seuls l'art et la création allègent le poids de cette humanité déchue qui pèse sur lui.
Pourtant, renoncer à la plénitude de l'existence, à son indéfectible attachement à la liberté pour accomplir son destin de créateur est un dilemme que Goldmund se refuse à tenir. Seule permanence : Narcisse, son ange tutélaire, qui, dans son amour désintéressé l'avait conduit sur les chemins du coeur.
Narcisse et Goldmund, plus qu'un récit initiatique, est une ode à la vie fugitive à travers la quête du beau et de "l'Ève éternelle" : la mère.

Mon avis : Je me suis plongée sans regret dans ce roman initiatique paru en 1930, écrit avec une grande sensibilité par l’allemand Hermann Hesse (1877-1962) prix Nobel de la littérature (1946). Ce roman initiatique, qui va de la vie à la mort, aborde les grands thèmes de l’amour, de la spiritualité, du crime, de la religion, du plaisir, de la souffrance et de l’art, traités avec inspiration et sans ennui, dans un style simple, accessible, et une écriture innocente, d’une naïveté savante, qui se souvient de la pureté de l’enfance et ne s’embarrasse pas du blabla emphatique des adulte. Le roman est assez court et pourtant il aborde de nombreux thèmes tout en restant à la portée de tous. On ne s'ennuie pas, il invite plutôt à la réflexion. A travers l'errance de Goldmund, j'ai également trouvé que l'auteur fait appel à nos émotions, il nous plonge dans le souvenir des sens ou nous invite à comprendre son personnage de par son expérience.

Les dialogues entre Narcisse (parabole de la pensée) et Goldmund (domaine de la création) est l'occasion d'opposer deux visions du monde et offre au lecture de véritables débats philosophiques sur de nombreux thèmes : monde des idées transposé au monde réel, sur la morale, sur la religion, sur l'art...

Mais « Narcisse et Goldmund » est aussi une fable sur la dualité de l’être humain, dans laquelle les deux personnages représentent les forces contraires d’une même psyché. Tiraillé entre ses appétits, ses aspirations, ses nécessités, les exigences du monde extérieur, l’être humain est amené à faire des choix, et ce faisant, de renoncer, de s’amputer d’une partie de ce qu’il est. Mais Hesse nous apporte une solution à ce dilemme sans fin : on ne peut, au mieux, que devenir que ce que l’on est, et c’est en transcendant l’expérience des sens qu’on accède à la spiritualité : « Mais vue d’en haut, du point de vue de Dieu – une vie exemplaire dans l’ordre et la discipline, dans le renoncement au monde et à la volupté sensuelle, exempte de toute souillure et de toute tache de sang, retranchée dans la philosophie et la méditation était-elle meilleure que la vie de Goldmund ? L’homme avait-il vraiment été créé pour mener une existence réglée dont la cloche et la prière scandaient les heures et les occupations ? L’homme avait-il été créé pour étudier Aristote et Saint Thomas d’Aquin, pour tuer ses sens et fuir le monde ? Dieu ne l’avait-il pas mis sur terre avec des sens et des instincts, avec un obscur besoin de sang, une tendance au péché, au plaisir, au désespoir ? ». En ce sens, il rejoint la conceptualisation du sacré de Carl Jung, dont Hesse fut l’ami et le patient.

Pour une analyse plus détaillée des différents thèmes abordés, je vous invite à lire cet article.

Lu dans le cadre du challenge : Les classiques, c'est fantastique

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