L'art d'avoir toujour raison, Arthur Schopenhauer


L'art d'avoir toujours raisonRésumé : Ce sont des petits aphorismes par lesquels avec son cynisme légendaire et outrancier, Arthur Schopenhauer déploie une liste de stratagèmes tous plus immoraux les uns que les autres pour avoir toujours raison : faire semblant de ne pas comprendre les arguments de son adversaire et les retourner contre lui, postuler ce qui n'a pas été dit, fâcher l'adversaire, parier sur son idiotie, son manque d'assurance ou du peu de crédit dont il bénéficie vis-à-vis de l'auditoire, raconter n'importe quoi, paraître intelligent en utilisant des grands mots, en inventant des références ou des théories d'autorité, faire diversion ou détourner la conversation –tous les stratagèmes utilisés qui ne tiennent pas compte de la vérité vraie mais qui pour mieux dénigrer la bassesse des motivations incitent les hommes à jouer les faux savants. Oui, déjà à l'époque, on subissait des pseudo intellectuels... Il s'agirait donc plutôt non pas d'avoir toujours raison, mais d'avoir toujours le dernier mot ! En bref, Schopenhauer reprend au niveau de la dialectique les conseils de Machiavel en politique : profiter des faiblesses de l'adversaire afin de le vaincre (et non pas forcément de le convaincre).

Quatrième de couverture : 38 ficelles, tours et autres passes pour garder raison à tout prix, en ayant objectivement tort, ou comment terrasser son adversaire en étant de plus mauvaise foi que lui.
Un court traité à l'usage de quiconque croit sincèrement aux dividendes de la pensée. 
Rédigé à Berlin en 1830-3, ce traité fut publié pour la première fois en 1864. Il est suivi dans la présente édition d'une postface de Franco Volpi.

Mon avis : Cela faisait un bout de temps que je ne m'étais pas tournée vers la philosophie. Ceci dit, ce cours libelle a un titre des plus intrigants. Ce n'est pas tant le fait d'avoir raison qui intéresse ici mais plutôt l'art de la persuasion. En effet, il ne faut jamais revenir sur son point de vue (mais attention, ce n'est pas de la mauvaise foi !). L'auteur distingue la vérité objective de l'art de donner à ses propos l'apparence de vérité (sic !), un peu comme Périclès, le stratège grec. D'ailleurs, si Schopenhauer fait référence à Aristote, c'est pour mieux le contredire. Aristote, dans ses Topiques, n'avait écrit « presque que des choses allant de soi et que le bon sens prend en considération de lui-même » et Cicéron, dans un ouvrage du même titre, n'avait rien commis de mieux qu'une imitation « faite de mémoire, extrêmement superficielle et pauvre ». Arthur Schopenhauer s'inscrit donc en critique sévère de ses prédécesseurs.  Plus que la vérité, c'est donc l'art de la rhétorique ici qui est expliquée par quelques références à Aristote. Aussi, si notre idée n'est pas vraie, on peut faire usage de faux-fuyants, de ruse et au final, de grossièreté pour avoir le dessus sur son interlocuteur. On se dirige presque vers du sophisme... Petit regret, j'aurais souhaité un peu plus d'exemples concrets pour illustrer ses propos. Après tout, il s'agit d'un sujet philosophique par excellence.

Pour aller plus loin : Il ne vous reste plus qu'à appliquer ces principes lors de votre prochaine dispute !


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