Le bonheur est dans le crime, Barbey d'Aurevilly
Résumé : Le Bonheur dans le crime est l’une des plus célèbres des six nouvelles du sulfureux recueil Les Diaboliques – qui a valu à Barbey d’Aurevilly d’être accusé d’immoralisme et de sadisme. Écrite vers 1870, cette histoire cynique et amorale (“c’est à croire que le Diable a dicté”) raconte la passion adultérine dévorante qui unit le comte Serlon de Savigny à la belle Hauteclaire Stassin, maîtresse d’armes avec qui il aime à croiser le fer. Mais le comte est marié…Hauteclaire, avec la complicité du comte, envisage alors un plan diabolique pour se débarrasser de sa rivale. Quelques années plus tard, les deux amants s'unissent par un mariage – forcément honteux. Mais ce terrible crime viendra-t-il corrompre leur amour ? Bonheur et crime sont-ils conciliables ? La conclusion de l'histoire est “à terrasser […] tous les moralistes de la terre, qui ont inventé le bel axiome du vice puni et de la vertu récompensée” puisque le nouveau couple devient au fil du temps un “modèle fabuleux d’amour conjugal” ! Et le narrateur doit avouer qu'il a bien cherché, mais que, dans “leur étonnant et révoltant bonheur”, il n'a “jamais rien trouvé qu’une félicité à faire envie, et qui serait une excellente et triomphante plaisanterie du Diable contre Dieu, s’il y avait un Dieu et un Diable !”
Quatrième de couverture : Comment peut-on connaître le bonheur dans le crime ? Pour le savoir,
suivez, par un matin d'automne, au coeur du XIXe siècle, le docteur
Torty et son ami dans les allées du Jardin des Plantes, observez avec
eux le face-à-face de la femme et de la panthère et écoutez l'histoire
fascinante de Hauteclaire Stassin, fille d'un maître d'armes, devenue
comtesse de Savigny... Hauteclaire ou l'art de passer de l'escrime au crime...
Mon avis : La langue est belle, ciselée, choisie, pleine de ces élégances un peu décadentes qui font la marque des dandys comme Barbe (oui, je l'appelle par son petit nom). Les
personnages sont amoraux, régis par la violence de leur
passion, aimantés invinciblement l'un par l'autre, mus par un désir
qu'aiguillonne d'abord le feu de la joute dans la salle d'escrime
-Hauteclaire Stassin est fille d'un maître d'escrime et joue du fleuret
comme un homme- et bientôt le plaisir même de la transgression, le goût
de la provocation et du scandale. Son personnage est déjà transgressif de la par la pratique d'un sport masculin, puis par son envergure (elle dirige la salle et donne des cours aux hommes). Elle passe ainsi d'une arme factice à une arme réelle bien qu'attribuée généralement aux femmes.
Rien
ne les arrête : ni la décence, ni la limite imposée par l'époque à leur
sexe ou à leur état- elle est femme et roturière, lui est noble et
marié- ni la morale, ni la religion , ni la maladie, ni la mort…Ni le
regard des pauvres mortels insipides qu'ils toisent du haut de leur
amour.
Notez toutefois que pour une nouvelle, le récit met un certain temps à se mettre en place mais ce n'est que pour mieux préparer le lecteur à la présentation des personnages principaux. Cela pose les bases de nos polars modernes : à qui profite le crime ? Ici, le mobile est simple, le crime passionnel. Toutefois, les romans sont basés sur l'enquête pour confondre les meurtriers qui sont ensuite arrêtés par la police. Ici, non seulement nous les connaissons depuis le début mais en plus, ils s'en sortent ! Vous comprenez le scandale pour l'époque dans une société catholique ? On y condamna les mœurs décrites, l’immoralité des personnages. Mais ce qui choqua le plus c’est l’impunité du crime, la complaisance de l’auteur envers le vice qui est récompensé. Barbey d’Aurevilly s’en défendit, le mal selon lui ne pouvant être combattu qu’en le décrivant dans toute sa noirceur.
Pour aller plus loin : Cette nouvelle a été adaptée pour la télévision par France 2, dans le
cadre de la série Au siècle de Maupassant : contes et nouvelles du XIXe
siècle. Le film a été diffusé le mardi 17 mars 2009, avec comme acteurs
Didier Bourdon, Grégori Derangère et Marie Kremer. Mais je ne l'ai pas vue et je ne sais donc pas ce qu'elle vaut.
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