Ulysse, James Joyce

Ulysse par Joyce 

Résumé :L'action d'Ulysse se passe en un jour, à Dublin, en 1904. Le personnage d'Ulysse est un petit employé juif, Leopold Bloom ; Stephen Dedalus, jeune Irlandais poète, est Télémaque ; Marion, femme de Bloom et qui le trompe, est Pénélope. Rien n'arrive d'extraordinaire au cours de cette journée. Bloom et Dedalus errent dans la ville, vaquant à leurs affaires, et se retrouvent le soir dans un bordel.
Chaque épisode correspond à un épisode de L'Odyssée. Mais la parodie débouche sur une mise en cause du monde moderne à une époque de muflisme. Joyce exprime l'universel par le particulier. Bloom, Dedalus, Marion sont des archétypes. Toute la vie, la naissance et la mort, la recherche du père (Dedalus est aussi Hamlet), celle du fils (Bloom a perdu un fils jeune), toute l'histoire sont contenues en un seul jour. C'est à Rabelais, à Swift que l'on peut comparer l'art de Joyce qui a écrit, dans Ulysse, la grande œuvre épique et satirique de notre temps.

Mon avis : Je me suis attaquée à un monument de la littérature cet été, pas le plus facile de James Joyce mais certainement le plus connu. Ne vous fiez pas au résumé qui semble relativement simple. Chaque scène est un véritable trésor, de par son écriture en premier lieu, qui s'adapte aux personnages, au frasé des irlandais populaires... et par un foisonnement de détails. Le texte n'est pas parodique au sens habituel du terme, on ne relève pas l'ironie à chaque tournure, on ne sourit pas vraiment. Non, le lecteur doit travailler pour bien appréhender le texte : on saute du coq à l'âne en permanence, aucune longueur épargnée, des jeux de mots ou de sonorités parfois indéchiffrables, des liens quasi infaisables. Je me suis souvent posée la question de la traduction : est-elle fidèle ? Respecte-t-elle les jeux de sonorités ? Les jeux de mots ? Cette oeuvre doit être quasi impossible à traduire ! 

J'aurais peut-être dû chercher quelques explications de textes pour mieux comprendre certains passages car c'est vraiment ardu. Truffé entre autre de nombreuses allusions à Hamlet et aux nationalistes irlandais, que chaque chapitre est un point de vue différent, exprimé dans un style différent (18 en tout) où Joyce pastiche tous les genres et styles littéraires, se jouant des règles d'orthographe et de la syntaxe. Le style changeant d'un épisode à un autre est déroutant. Il fait parfois penser à de l'écriture automatique. En fait, il s'agit plus d'une écriture au débit épileptique, saccadée car l'auteur a pris un soin méticuleux à construire son récit, l'enrichissant de citations latines, de références à l'histoire de son pays, l'Irlande, et aux personnages illustres qui l'ont écrite. Il fait aussi souvent référence aux auteurs illustres tels que Shakespeare, Byron et bien d'autres. L'oeuvre est imprégnée de son éducation jésuite. L'architecture novatrice du roman de James Joyce bouleverse l'académisme antique de ses contemporains. Il va même jusqu'à inventer son propre vocabulaire en collant les mots pour en former d'autres et rendre son texte pratiquement illisible. La musicalité de la narration est un des éléments essentiels du texte de James Joyce. On y retrouve son goût immodéré pour l'opéra, Verdi, Mozart, dont l'auteur sera un spectateur assidu, jusqu'à acheter des places pour voir huit ou dix fois d'affilé la même représentation. Dans « Ulysse », on retrouve ce chant, cette construction lyrique.

Le dernier épisode, « Pénélope », monologue intérieur de Molly Bloom, est certainement le plus savoureux. 

Vous l'aurez peut-être compris, c'est un livre qui peut décourager plus d'un lecteur. Aussi, ne le lisez pas parce qu'il faut l'avoir lu. Ne cherchez pas à tout comprendre, l'auteur ayant donné plus d'importances aux énoncés qu'aux énonciations. 

Lu dans le cadre du challenge : Les classiques, c'est fantastique

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