L'enfant perdue, Elena Ferrante
Résumé : À la fin de Celle qui fuit et celle qui reste, Lila montait son
entreprise d'informatique avec Enzo, et Elena réalisait enfin son rêve :
aimer Nino et être aimée de lui, quitte à abandonner son mari et à
mettre en danger sa carrière d'écrivain. Car elle s'affirme comme une
auteure importante et l'écriture l'occupe de plus en plus, au détriment
de l'éducation de ses deux filles, Dede et Elsa.
L'histoire d'Elena et de Nino est passionnelle, et bientôt Elena vit au gré de ses escapades pour retrouver son amant. Lors d'une visite à Naples, elle apprend que Lila cherche à la voir à tout prix.
Après avoir embrassé soixante ans d'histoire des deux femmes, de Naples et de toute l'Italie, la saga se conclut en apothéose. Plus que jamais, dans L'enfant perdue, Elena Ferrante nous livre un monde complet, riche et bouillon-nant, à la façon des grands romanciers du xixe siècle, un monde qu'on n'oublie pas.
L'histoire d'Elena et de Nino est passionnelle, et bientôt Elena vit au gré de ses escapades pour retrouver son amant. Lors d'une visite à Naples, elle apprend que Lila cherche à la voir à tout prix.
Après avoir embrassé soixante ans d'histoire des deux femmes, de Naples et de toute l'Italie, la saga se conclut en apothéose. Plus que jamais, dans L'enfant perdue, Elena Ferrante nous livre un monde complet, riche et bouillon-nant, à la façon des grands romanciers du xixe siècle, un monde qu'on n'oublie pas.
Quatrième de couverture : «Comme toujours, Lila s'attribuait le devoir de me planter une aiguille
dans le cœur, non pour qu'il s'arrête mais pour qu'il batte plus fort.»
Elena, devenue auteure reconnue, vit au gré de ses escapades avec son
amant entre Milan, Florence et Naples. Parce qu'elle
s'est éloignée du quartier populaire où elle a grandi, Elena redoute les
retrouvailles avec son amie d'enfance. Mais depuis quelque temps, Lila
insiste pour la voir et lui parler¿ La saga se conclut en apothéose
après avoir embrassé soixante ans d'histoire des deux femmes et de
l'Italie, des années 1950 à nos jours. L'enfant perdue est le dernier
tome de la saga d'Elena Ferrante. Il succède à L'amie prodigieuse, Le
nouveau nom et Celle qui fuit et celle qui reste.
Mon avis : Je ne savais même pas que le dernier tome était sorti. Il n'a pas fait autant de bruit que les précédents à priori. Peut-être que les critiques et les lecteurs se sont lassés. En ce qui me concerne, ce volume est le plus réussi, le plus abouti. Il aborde des thèmes plus matures, en lien avec l'âge de ses personnages : la condition féminine, l'évolution de la famille, le contexte des années de plomb dans l'Italie des années 1970-1980. Bref, la trame invite à la réflexion. L'écriture est également plus aboutie : elle amorce en douceur la fin de la saga par la métaphore de la disparition de Lila. Elle se dissout et prépare le lecteur à la séparation depuis le début de l'ouvrage. La boucle est bouclée, on en revient aux fondements de la saga avec la perte des poupées et l'affrontement de Don Achille.
Perte
des illusions, d'abord: l'amour de Lenù pour le beau Nino Sarratore
s'avère une sérieuse perte de temps et d'énergie pour un personnage de
séducteur opportuniste qui aura néanmoins réussi le tour de force d'être
le grand amour successif des deux amies, si parfaitement décevant à
force d'avoir été fantasmé par l'une et par l'autre.
Perte des convictions ensuite: les "années de plomb" italiennes ont fait autant de ravages dans les consciences que dans les vies humaines. la gauche italienne sort de cette lutte contre fascistes et démocrates chrétiens corrompus, laminée et divisée, culpabilisée par les assassinats et enlèvements politiques des brigades rouges dont elle ne peut plus soutenir les exactions. Les "repentis" dénoncent pour s'en sortir à bon compte, les socialistes reprennent les vieilles pratiques clientélistes des démocrates chrétiens...Qui croire? Qui suivre? L'heure des destins collectifs est révolue: place aux individualismes, plus ou moins inspirés. Ce roman est avant tout placé sous le signe de la perte.
Perte des convictions ensuite: les "années de plomb" italiennes ont fait autant de ravages dans les consciences que dans les vies humaines. la gauche italienne sort de cette lutte contre fascistes et démocrates chrétiens corrompus, laminée et divisée, culpabilisée par les assassinats et enlèvements politiques des brigades rouges dont elle ne peut plus soutenir les exactions. Les "repentis" dénoncent pour s'en sortir à bon compte, les socialistes reprennent les vieilles pratiques clientélistes des démocrates chrétiens...Qui croire? Qui suivre? L'heure des destins collectifs est révolue: place aux individualismes, plus ou moins inspirés. Ce roman est avant tout placé sous le signe de la perte.
Perte des attaches, perte de la conscience de classe : les
classes populaires du "rione", ce quartier napolitain gangrené par la
maffia locale, incarnée par les frères Solara, ne rêve plus que réussite
sociale, professionnelle, mais passer par la case culture et éducation
est le privilège de quelques intellectuels, comme Lénù, qui ont su nouer
des liens avec la bourgeoisie intellectuelle des grandes villes- Turin,
Milan, Rome- : les autres, comme Lila, se lancent dans la toute
nouvelle informatique, ou se résignent à demander l'appui des Solara et à
dealer de l'héroïne dans les jardins publics..
Perte des proches : morts violentes, cancers, infarctus, suicides, tout ce petit monde si grouillant de vie s'émiette sous les assauts conjugués du temps, de la malchance, de la violence qui monte..Et par-dessus tout, perte par escamotage, par disparition de ce qu'on a de plus cher, de plus tendrement vivant, de ce qui est promesse d' avenir: un enfant...
Perte des proches : morts violentes, cancers, infarctus, suicides, tout ce petit monde si grouillant de vie s'émiette sous les assauts conjugués du temps, de la malchance, de la violence qui monte..Et par-dessus tout, perte par escamotage, par disparition de ce qu'on a de plus cher, de plus tendrement vivant, de ce qui est promesse d' avenir: un enfant...
Perte
des repères : les liens filiaux, conjugaux, amicaux se distendent, se
rompent, se brouillent..Lénù perd sa mère, la terrible Immacolata,
boîteuse et vindicative, qu'elle avait fuie si jeune, renoue avec elle,
et découvre, face à la mort, leur puissant attachement l'une pour
l'autre. Les certitudes s'ébranlent: Pietro était un mari maladroit et
défaillant, mais c'est un père très honorable, Nino, lui, n'est
décidément ni bon père, ni bon compagnon, Enzo le taiseux quand il parle
enfin dit des choses puissantes et profondes qui dévoilent sa
perspicacité et sa solidarité à l'égard de Lila, mais surtout: qui est
l'amie géniale? Lenù, qui écrit, qui réussit, qui voyage, qui assume son
indépendance? Ou Lila qui est cette agitatrice d'esprits qui a marqué
tout le monde mais ne veut rien pour elle-même, qui révolutionne tout
sans bouger d'un pouce de son éternel "rione" ?
Perte de la propriété de l'écriture aussi: qui écrit vraiment le roman que nous lisons? Lénù qui l'imagine tel que Lila l'aurait écrit, qui le signe et en récolte l'amère victoire, payée très cher? ou Lila qui sans doute tente de l'écrire en cachette mais ne pardonne pas à son amie de livrer leur vie en pâture au public en trahissant, par des artifices littéraires, l'exigence de vérité et de sincérité qu'elle met dans tout écrit, elle qui n'a pas dépassé les études primaires?
Perte de la propriété de l'écriture aussi: qui écrit vraiment le roman que nous lisons? Lénù qui l'imagine tel que Lila l'aurait écrit, qui le signe et en récolte l'amère victoire, payée très cher? ou Lila qui sans doute tente de l'écrire en cachette mais ne pardonne pas à son amie de livrer leur vie en pâture au public en trahissant, par des artifices littéraires, l'exigence de vérité et de sincérité qu'elle met dans tout écrit, elle qui n'a pas dépassé les études primaires?
C'est avec une certaine tristesse que je l'ai terminé après l'avoir littéralement dévoré.
Pour aller plus loin : Je n'ai pas vu la série adaptée par Elena
Ferrante et diffusée sur Canal +. Quatre saisons sont prévues couvrant chacune un
tome de la tétralogie.
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