Le colonel Chabert, Honoré de Balzac

Le colonel Chabert - Honoré de Balzac - Flammarion - Poche - Place des  Libraires 

Résumé : Chabert ! Un nom dur à porter pour cet homme foudroyé.

Célèbre, certes, mais qui passe désormais pour un imposteur. Car Chabert, colonel, comte d'Empire, est mort à Eylau, et son décès, historique, est consigné dans les actes militaires. Enseveli vivant ! Tel fut le sort de Chabert. Jeté dans une fosse au milieu des cadavres, sortant de ce charnier par miracle pour rester pendant six mois entre la vie et la mort. Un espoir ultime reste à ce malheureux : retrouver son identité. Hélas! Enterré sous les morts, le voilà maintenant enterré sous des actes.
On le croit fou. Il gêne. Même sa veuve, remariée et héritière de ses biens, souhaite le voir rentrer sous terre.

Le colonel Chabert était un fier cavalier des armées de Napoléon... jusqu'au jour où un cosaque lui fendit le crâne d'un coup de sabre.
L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais voilà que cet homme mort et enterré depuis des années reparaît soudain à Paris. La rue où il habitait a changé de nom, sa maison a été vendue et démolie, sa femme s'est remariée. Désespéré, Chabert demande à l'avocat Derville de l'aider à recouvrer son nom et sa fortune. Mais sa "veuve", devenue la comtesse Ferraud, ne l'entend pas de cette oreille...

"Monsieur, lui dit Derville, à qui ai-je l'honneur de parler?
- Au Colonel Chabert.
- Lequel?
- Celui qui est mort à Eylau", répondit le vieillard.

Quatrième de couverture : Tenu pour mort à la bataille d'Eylau, le colonel Chabert rentre chez lui après des années d'errance et de souffrance. Mais aux yeux du monde, il n'existe plus. Sa femme, héritière de sa fortune, est remariée et mère de deux enfants ; sa maison a été démolie ; la rue même où il vivait a été débaptisée : l'Empire a cédé la place à la Restauration... Dépossédé de ses biens comme de son nom, l'ancien héros des guerres napoléoniennes se lance à coeur perdu dans une dernière bataille, pour recouvrer son identité. Y parviendra-t-il ? Le Colonel Chabert est l'histoire tragique d'un homme incarnant les restes sublimes d'une époque révolue.

Mon avis : Ce n'est clairement pas mon préféré mais certainement un des plus courts et des plus abordables pour entrer dans l'univers de Balzac et de la Comédie Humaine. Il cisèle dans la dentelle une narration impeccable, et dresse un portrait surprenant de l'avoué Derville, qu'on sent mi honnête homme, mi canaille, pouvant verser de l'un ou l'autre côté selon d'où vient le vent, à l'image d'une administration que l'on sent toujours ennemie du petit peuple ou du côté des aristocrates. Le Colonel Chabert est un personnage tragique, réfugié dans une absolue solitude, sidéré par un monde qui se renverse, passant d'une société de l'honneur à celle de la cupidité et de l'argent, il fait le lien entre l'Ancien Régime et celui de la Restauration. D'ailleurs, chez l'auteur, le personnage du soldat est toujours emprunt d'un honneur un peu dépassé, vieillot, qui tend à ne plus exister dans la société contemporaine. Avec cette nouvelle Balzac propose une étude moeurs en épinglant la médiocrité de Mme Ferraud et avec elle le régime de la Restauration en lui opposant la grandeur d'âme de son premier mari et celle du régime d'Empire. 

Le Colonel Chabert, c'est un peu cet homme égaré qui revient vivant du pays des morts et qui se retrouve comme mort au pays des vivants...  

Pour aller plus loin : Le lien est fait avec un autre roman très célèbre, le Père Goriot, dont le personnage éponyme souffre d'une autre forme de solitude, rejeté lui aussi d'une certaine manière par les siens et l'on sent au travers des pages toute l'empathie de l'auteur pour ses personnages qu'il nous esquisse.

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