Léone et Léna, Georg Büchner
Résumé : Léonce et Léna raconte à la manière d'un conte de fées l'itinéraire
grotesque d'un prince et d'une princesse. Fuyant le mariage qu'on veut
leur imposer, ils se rencontrent par hasard et s'épousent malgré eux.
Les deux personnages ne sont pas seulement de doux rêveurs atteints par
le mal du siècle : ils apparaissent comme des parasites, les fantômes
d'une société moribonde qui ne peut plus être montrée que sous forme de
comédie.
Longtemps considéré comme une oeuvre de circonstance,
presque légère, ce chef-d'oeuvre porte pourtant en lui l'ensemble des
thèmes büchnériens grâce, notamment, au croisement de la comédie
onirique et d'une critique sociale en filigrane.
Quatrième de couverture : Qui va nier la Providence après ça ! Voyez tout ce qu'on peut réussir
avec une puce. Sans l'invasion de cette nuit, ce matin je n'aurais pas
transporté mon lit au soleil, si je ne l'avais transporté au soleil, je
n'aurais pas atteint avec lui l'auberge
A la Lune, et si soleil et
lune ne l'avaient éclairée, je n'aurais pu tirer du vin de ma paillasse
et m'en saouler, et si rien de tout ça n'était arrivé, à l'heure qu'il
est je ne serais pas en votre compagnie, honorables fourmis, vous
n'auriez laissé de moi qu'un squelette desséché au soleil, je serais à
me tailler un morceau de viande et à étancher une bouteille - à
l'hospice en fait.
Mon avis : Une pièce bien plus accessible que La mort de Danton, et en parfaite adéquation avec son époque : en effet, ici il s'agit d'une histoire d'amour basée sur un quiproquo. Le mariage arrangé est toujours une bonne source de divertissement et un fond dramatique qui propose un viviers de scénettes savoureuses pour les bons auteurs. Ici, tout y est : les dialogues savoureux, le personnage comique du valet bon à rien mais qui joue les entremetteurs pour son jeune maître.
Là où le talent de l'écrivain se déploie, c'est pour le message qu'il souhaite faire passer derrière cette comédie légère avec une satire de la société contemporaine où la jeunesse est désabusée, livrée à elle-même par un gouvernement qui n'en a que faire. Les deux héros romantiques par excellence, souffrent du "mal
du siècle" : ils s'ennuient et se demandent que faire de leur vie,
veulent se rebeller... Dans
cette pièce, les dialogues complètement ridicules alternent avec des
phrases belles et profondes, annonçant presque le courant absurde.Une oeuvre visionnaire donc mais avec une prise de position vis à vis du pouvoir.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Veuillez rester poli et courtois