Le soleil se lève aussi, Ernest Hemingway

Le Soleil se lève aussi par Hemingway 

Résumé : Jake, le narrateur, est un correspondant de presse américain installé à Paris. On est en 1924, et avec ses amis britanniques et américains, il passe son temps à écumer les cafés (Paris est une fête pendant ces années folles), avant de partir à Pampelune pour assister aux Fêtes de San Fermin, et continuer à s'enivrer et s'amuser. Mais cette légèreté et cette insouciance sont factices, et cachent à grand-peine un vide que seul comble un mal-être existentiel.

Quatrième de couverture : Elle éteignit sa cigarette.
- J’ai trente-quatre ans, tu sais. Je ne veux pas être une de ces garces qui débauchent les enfants.
- Non.
- Je ne veux pas devenir comme ça. Je me sens vraiment bien, tu sais, vraiment d’aplomb.
- Tant mieux.
Elle détourna les yeux. Je crus qu’elle cherchais une autre cigarette. Puis je vis qu’elle pleurait, qu’elle tremblait et qu’elle pleurait. Elle évitait de me regarder. Je la pris dans mes bras.
Le roman de Hemingway, Prix Nobel, qui a inspiré le film de Henry King, avec Ava Gardner, Juliette Gréco, Tyrone Power, Errol Flynn, Mel Ferrer.

Mon avis : J'ai mis un peu de temps à rentrer dans ce livre. Le style de Hemingway est assez particulier et c'est en partie dû aux dialogues entre les personnages qui ne sont jamais nommés. On doit bien relire le début pour savoir qui dit quoi. Après Cent ans de solitude, ça me paraissait dur, sec et cassant. Les dialogues sont réalistes, ce réalisme de Hemingway dont parle Kundera dans ses Testaments trahis, ce réalisme qui peint merveilleusement le moment présent. Les personnages se débattent, ne parviennent pas être heureux malgré leurs efforts. Leur oisiveté prêterait pourtant au mépris, mais leur incapacité à accéder au bonheur les rend émouvants ; la faute à la Grande Guerre, qui en a fait des estropiés de l'âme et des êtres déchirés dans leur chair -et certaines évocations, sous couvert de "plaisanteries", sont d'une tristesse infinie. Ernest Hemingway décrit avec grâce et simplicité cette "génération perdue" avide de jouissance et éprise d'expériences, qui noie sa frustration dans l'alcool et peine à se fixer. Dernière chose, les pages consacrées à la pêche et à la corrida peuvent en choquer plus d'un, à remettre dans le contexte historique de l'époque où la plupart des loisirs dits "virils" ont aujourd'hui quasiment disparus (les beuveries, la chasse, la vitesse au volant...) et nous évoquent presque tristement le temps qui passe...

Pour aller plus loin : Ce roman m'a énormément fait penser au roman de Malcom Lowry Au-dessous du volcan de par ses thèmes et personnages : la destruction des personnages par l'alcool dans un contexte après-guerre et hispanisant, les histoires d'amour contrariées...

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