Du côté de Chez Swann, Marcel Proust

À la recherche du temps perdu (1) Du côté de chez Swann par ProustRésumé : La Recherche proustienne, qui s'ouvre Du côté de chez Swann et s'achève une fois Le Temps retrouvé. Dans le premier tome de ce travail sur la mémoire et la métaphore, œuvre à part entière mais aussi amorce dramatique d'un joyau de la langue française, le narrateur s'aperçoit fortuitement, à l'occasion d'un goûter composé d'une tasse de thé et d'une madeleine désormais célèbre, que les sens ont la faculté de faire ressurgir le souvenir, tout comme cet incipit parmi les plus célèbres "Longtemps, je me suis couché de bonne heure". Grâce aux senteurs d'un buisson d'aubépines, il prend confusément conscience de la distinction entre le souvenir et la réminiscence, pour ensuite s'exercer à manier les mots comme de petits papiers japonais qui, touchés par la grâce de l'eau, se déploient en corolle pour faire place à tout un univers.

Quatrième de couverture : A la Recherche du Temps Perdu est avant tout l'histoire d'une conscience, des progrès d'un individu qui, d'abord plongé dans la vie, et dans la vie souvent la plus superficielle, découvre sa vocation et du même coup ce qui lui paraît être la véritable signification de la vie. Mais si le sujet du livre est plutôt abstrait, les illustrations en sont extraordinairement concrètes. C'est d'abord les souvenirs de Combray, où l'enfant s'est formé ou déformé, avec les admirables paysages qu'on lira dans ce volume. La topographie des environs de Combray est élevée par Proust à la hauteur d'un symbolisme spatial. Deux « côtés », comme on dit à la campagne, le côté de Guermantes et le côté de Méséglise, représentent deux directions de sa vie sentimentale et sociale. Ces deux côtés paraissent sans communication possible à ses yeux d'enfant. Mais de même que pour les grandes personnes Méséglise est à quelques kilomètres de Combray, de même, beaucoup plus tard, la rencontre dans un salon de Mlle de Saint-Loup, fille de Robert de Saint-Loup (côté de Guermantes) et de Gilberte Swann (côté de Méséglise) révèle au narrateur qu'au point de vue social il n:y a pas loin non plus de l'un à l'autre. Un Amour de Swann est composé avec des souvenirs à la deuxième puissance, des souvenirs ayant été racontés au narrateur. L'amour de Swann, l'homme le plus élégant de sa génération, l'amateur délicat et supérieurement intelligent, pour une femme sans valeur et dont il n'aime même pas le type, est analysé dans un récit plus ramassé que les autres récits de Proust. Un Amour de Swann est d'une très grande importance dans l’oeuvre, car ce récit est destiné à présenter un modèle de l'amour qui, de l'aveu même du narrateur, devait avoir une influence particulière sur l'idée que celui-ci allait se faire de l'amour, et par suite sur sa conduite ne amour. On y trouve aussi le premier tableau comique du « petit clan » des Verdurin, riches bourgeois entichés de bohème et dédaigneux, jusqu'à nouvel ordre, des gens du monde.

Mon avis : Je n'avais pas gardé un bon souvenir de mes années d'étude. Avec le temps, je ne trouve plus les longues phrases interminables et dénuées d'intérêt. Au contraire, je prends plaisir à écouter la poésie qu'elles contiennent et les sous-entendus parfois cyniques de l'auteur. Sans conteste le fruit de son époque, la pensée artistique de Proust s’incarne dans un exercice littéraire formel encore inégalé ; seulement permis par une acuité et une sensibilité providentielles. Cet exercice, il participe à une quête artistique : celle d’atteindre l’essence de tout. Ainsi, Du Côté De Chez Swann relève d’abord d’un exercice d’introspection vertigineux, à la recherche de l’indivisible : du sentiment le plus profond et de son expression la plus juste. Un début de travail qui côtoie celui de Freud.Enfin, au-delà de ces considérations purement stylistiques, c’est aussi dans ce qu’il met en scène que Proust se révèle peintre impressionniste : une attention perpétuelle est portée sur l’effet de la lumière sur son sujet, à la forme géométrique, aux nuances de couleurs et de matière... S’il fallait s’essayer à esquisser quelques limites à l’oeuvre, on pourrait d’abord reprocher à un Proust naturaliste d’ignorer l’outil dramaturgique, pourtant si puissant, si propice à creuser le comportement humain. Le roman met ainsi du temps à s’offrir un semblant d’enjeu romanesque, introduit en la personne de Swann. L’amour et la jalousie deviennent les deux sentiments centraux, si finement dépeints.

Pour aller plus loin : Cet été, une série de Podcast est sortie sur France Culture de cours du Collège de France par Antoine Compagnon qui est aussi un spécialiste de Proust. Un peu difficile à suivre pour les néophytes mais néanmoins très intéressant. Proust : romancier ou essayiste ? Vous m'en direz des nouvelles.

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