La mort n'oublie personne, Didier Daeninckx
Résumé : Le jeune Lucien est retrouvé noyé après avoir écrit, sur la terre : « Mon père n'est pas un assassin. » le récit revient alors en arrière, le 20 juin 1944, à Cauchel, et c'est Jean Ricouart, père de Lucien, retraité, qui raconte. Il avait 17 ans et résistait contre l'occupant. Ayant suivi Moktar pour tuer un soldat allemand, le coup tourne mal et Moktar est abattu alors qu'il protégeait la fuite de son jeune camarade. Ce dernier est obligé de se cacher, trouve l'amour avec Marie et, chez le facteur Lenglart qui l'héberge, il découvre les lettres de dénonciation envoyées par « les bons Français » à l'occupant nazi…
Quatrième de couverture: 8 mars 1963. Le jeune Lucien Ricouart, isolé dans une pension pour
apprentis, s'acharnant à domestiquer sa solitude, est retrouvé mort noyé
dans un bassin après que ses camarades l'aient traité de "fils
d'assassin".
Un professeur efface dans la boue, sous la pluie, son dernier message et
son cri de révolte qui affirment au contraire et jusque dans la mort :
"Mon père n'est pas un assassin".
Vingt-cinq ans plus tard, un jeune historien enquête sur le vie de ce
père. Sur cet homme au passé d'ouvrier dans le Nord de la France. Sur
son parcours de résistant. sur ce qu'il est advenu après guerre qui
autorise des gamins à pousser l'un des leurs au désespoir.
Mon avis : Ce roman n'a rien d'un policier. Ce n'est pas vraiment une enquête suite à la mort du jeune Lucien. Il ne s'agit que de l'événement déclencheur pour aborder la résistance sous un autre aspect. Comme un jeune homme de 17 ans se retrouve presque malgré lui embarqué dans l'Histoire, des histoires qu'il ne comprend pas et dont il ne pèse pas les conséquences. Au-delà de l'histoire émouvante, Daeninckx soulève des questions restées en suspens.
En 1948 les procès d'après-guerre peuvent avoir lieu. Mais qui sont les
fonctionnaires en place? Quelle a été leur attitude pendant
l'Occupation? Comment faire confiance à une France où peu de temps avant
ils avaient dû servir l'État français de Pétain, une France avec "tous
ceux qui ont trafiqué avec les nazis, qui ont dénoncé leurs voisins
juifs, qui ont envoyé une lettre à la Kommandantur... la moitié du
pays", une France de résistants , ici des FTP, où là aussi tout n' était
pas si limpide. Une réflexion sur la difficulté du pardon, de l'oubli. Didier Daeninckx dresse
les portraits de personnages qui supportent les charges de leur
enfermement social, retranscription fidèle de l'atmosphère si particulière du Nord de la France, ou de sinistres manipulateurs bien heureux de leur
supériorité. En résulte un livre dénonçant avec force les autorités françaises,
préférant punir un petit résistant que des hauts fonctionnaires...Ce livre est très court et aborde des sujets denses qui auraient mérité, je trouve, d'être un peu plus développés.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Veuillez rester poli et courtois