Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline

Voyage au bout de la nuit par Céline 

Quatrième de couverture : Lorsque Ferdinand Bardamu s’engage dans l’armée, il côtoie la Grande Guerre et ses horreurs. Il y perd ses illusions, en même temps que son innocence et son héroïsme.
En Afrique, où le colonialisme lui montre une autre forme d’atrocité, Bardamu s’insurge de cette exploitation de l’homme par l’homme, plus terrible encore que la guerre.
En Amérique, où le capitalisme conduit à la misère des moins chanceux, Bardamu refuse toute morale et survit comme il peut, entre son travail à la chaîne et son amour pour Molly, généreuse prostituée.
En France, où il exerce comme médecin de banlieue, Bardamu tente d’apaiser les malheurs humains. Au fil de son voyage, étape par étape, il côtoie sans cesse la misère humaine et s’indigne, cynique et sombre comme la nuit.

Résumé : Bardamu, le personnage principal, raconte son expérience de la Première Guerre mondiale, du colonialisme, de l'entre-deux guerres et de la condition sociale en général. On suit chacune de ses aventures à travers l'Histoire.

Mon avis : J'ai choisi la facilité pour le challenge du mois en sélectionnant cet auteur controversé bien connu. Mais comme je ne l'avais jamais lu, cela faisait bien longtemps qu'il me faisait de l'oeil et c'était l'occasion de me faire mon propre avis. Toute idéologie mise à part, il faut remettre les choses dans leur contexte, à savoir, qu'au début du 20ème siècle, la France était un pays colonisateur et il était très répandu que les blancs étaient supérieurs aux noirs. Comment faire la part des choses entre racisme et ce qui était alors la norme ? D'un point de vue purement littéraire, il a quand même remporté le Prix Renaudot, et il est vrai que c'est très bien écrit. Le personnage principal fait partie des pauvres, des poilus, des émigrands aux Etats Unis, bref, un voyage initiatique qui le mène au bout de la nuit... L'écriture ressemble un peu à celle de Zola, décrit chaque chose avec un réalisme et une précision chirurgicale à l'image de ces malades paludéens. De même, le style évolue en même temps que le personnage principal, passant de l'argot à un langage un peu plus châtier. Ici, c'est le voyage en lui-même et non pas la destination qui compte. Cette longue quête, presque une fuite, amène notre héros toujours plus bas, toujours plus loin, dans la misère humaine et dans la déchéance sociétale. 

Le personnage principal a indéniablement souffert. Il a vécu de nombreuses épreuves, est devenu cynique et ne se fait aucune illusion sur la nature humaine. Parfois traité de fou, il a pourtant une furieuse envie de vivre. Céline définit l’homme comme de la "pourriture en suspens". Il commence, avec l’expérience de la Grande Guerre, par dresser un portrait peu reluisant des militaires et de ce patriotisme qui fût en grande partie responsable de cette effroyable boucherie. L’épisode africain du périple de Bardamu dénonce le colonialisme et cette exploitation camouflée par une parodie d’ordre, de civilisation et surtout de justice. Quant à l’épisode américain, celui-ci sert clairement à l’auteur de plaidoyer contre le capitalisme et cette course à la productivité entrainant la déshumanisation du travail. On passe de la chair à canon à la chair à usine. Sa vision de la condition humaine est extrêmement pessimiste. Le voyage conduit clairement vers la mort.

Pour aller plus loin : Il faut faire un effort de contextualisation pour ce type d'oeuvre. Aussi, je vais me pencher prochainement sur un ouvrage biographique ou d'explications de texte pour ne pas passer à côté de quelque chose par mésinformation. 

Lu dans le cadre du challenge : Les classiques, c'est fantastique

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