Sérotonine, Michel Houellebecq
Résumé : Florent-Claude Labrouste est un agronome
dans la quarantaine qui décide de se soustraire à la vie sociale. Pas de
se suicider, enfin pas tout de suite car il n’y aurait pas de roman,
mais de disparaître, de s’évaporer. Ce qu’il fait en s’installant dans
un hôtel Mercure (où l’on peut encore fumer) à la porte d’Italie, après
avoir quitté sa compagne du moment, Yuzu, une japonaise qui copule,
entre autres, avec des chiens, ce qui écœure le brave Florent-Claude «
surtout pour les chiens ». De là, Houellebecq nous embarque dans un
récit où son héros, profondément déprimé, revisite sa vie tant sur le
plan professionnel que sur le plan amoureux. Une vie de raté, qui
fonctionne à la sérotonine.
Quatrième de couverture : « Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la
possibilité du royaume restreint. Je crois à l'amour » écrivait
récemment Michel Houellebecq. Le narrateur de Sérotonine approuverait
sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions,
banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il
raconte sa vie d'ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate
agriculteur (un inoubliable personnage de roman, son double inversé),
l'échec des idéaux de leur jeunesse, l'espoir peut-être insensé de
retrouver une femme perdue. Ce roman sur les ravages d'un monde sans
bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi
un roman sur le remords et le regret.
Mon avis : Sérotonine. C’est le nom d’un
neurotransmetteur qui permet, sinon de voir la vie en rose au moins de
la supporter. C’est aussi le nom du dernier roman de Michel Houellebecq.
Avant d’en commencer la lecture, un conseil : procurez-vous quelques
cachets, comme d'habitude avec cet auteur, on a envie de se tirer une balle. Je pense que c'est le but recherché et l'écriture est suffisamment forte pour faire passer ces émotions du personnage au lecteur. Pas besoin de grandes phrases grandiloquentes pour ça, ça s'appelle le talent, n'en déplaire aux jaloux. Et une grosse déprime pour tous les quadragénaires. Si vous
n'avez encore jamais lu cet auteur, vous risquez d'être choqués par
cette écriture aussi crûe que politiquement incorrecte où les femmes ne sont que des putes et/ou
des salopes (c’est évidemment compatible) qui ne sont en fait que des
chattes sur pattes, plus ou moins humides, et les hommes des bande-mous,
déprimés et alcooliques quand ils ne sont pas « pédés » ou mieux
pédophile allemand (rien de tout cela n’étant incompatible non plus dans
ce roman aussi misogyne qu’homophobe). L'auteur prend un plaisir évident à décrire une
société la plus désespérée possible, peuplée de sujets en perdition
qu’il décrit avec un cynisme jubilatoire, parfois drôle, même si les
ressorts comiques sont souvent un peu attendus.
Le passage en revue de toutes les personnes importantes dans la vie du protagoniste est l'occasion par l'intermédiaire de la rencontre avec Aymeric d’Harcourt, un copain rencontré à l’Agro, d'une description d’un monde rural en crise,
de paysans solitaires, désespérés, broyés par des politiques
inadéquates, gagnés petit à petit par une colère inouïe résonne
étonnamment avec l’actualité. Ces pages douloureuses sonnent justes et
sont sans doute les meilleures du roman. C'est assez déroutant et les critiques sont nombreuses. Que nous fait-il découvrir ? Que nous apprend-il ? Est-ce une lecture divertissante ? Non, rien de tout ça, c'est juste une réflexion sur la modernité au même titre que les ouvrages de science fiction des années 1970 et qui décrit une société en déperdition où les hommes sont incapables de se reproduire et/ou de vivre en communauté, destiné à la solitude jusqu'à une fin misérable. Le ton, bien que se voulant cynique, est très mélancolique et j’avoue avoir été touchée par la
tristesse infinie qui se
dégage de certaines pages évoquant l’amour, la solitude et le désespoir.
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